Desc : La rouge et la noire : Réalisé par Isabelle Prim. Avec Jean-Pierre Beauviala, Luc Moullet, Thora Van Male, Julien Anselmino. Dans la continuité du scénario inachevé de Luc Moullets sur le vol de la pénélope, une caméra créée par Aaton et capable d'enregistrer aussi bien en 35 mm qu'en numérique, LA ROUGE ET LA NOIRE est un film sous forme de kaléidoscope. Le portrait du fondateur d'Aatons, Jean-Pierre Beauviala créateur entre autres du time-code et des caméras lumineuses utilisées par la Nouvelle Vague (notamment la caméra buisson spécialement conçue pour Jean Rouch) est centré autour de l'intrigue de base introduite par deux des voleuses qui parlent en voix off et dont l'identité ne sera révélée qu'à la fin. Le film tisse sa toile à travers de nombreux styles d'imagerie : les archives privées de Beauviala tournées en 16 mm, les images que l'artiste réalise dans les espaces de travail d'Aaton, les incrustations numériques d'un petit monstre qui se métamorphose sur l'écran. Ce dernier, une variante issue de l'icône publicitaire d'Aaton représentant le chat sur l'épaule, imprègne et interfère avec le film, incarnant une menace potentielle et représentant le fil narratif. Par une opération de désynchronisation du son et de l'image, Isabelle Prim crée un décalage entre l'intrigue et son commentaire, et multiplie les signifiants liés à l'image, jusqu'à introduire le doute sur ce qui nous est montré. Jusqu'au dernier lapsus, où les voleuses s'embrouillent autour de l'appareil photo et s'enfuient avec celui utilisé par Beauviala lui-même pour réaliser ses archives. Cercle complet.